Presse
Elsa Grangier
Source: Ashoka France

« Et si nous mettions en place des binômes "1 jeune 1 député" ? » - Tribune d'Elsa Da Costa, Les Echos Start

This article originally appeared on Les Echos Start

A la veille du premier tour des élections législatives, j'ai une pensée pour nos jeunesses. Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron a été réélu Président de la République. L'avancée quasi spectrale de notre chef d'Etat sur un Champ de Mars assombri par la nuit d'avril, emporte avec elle un halo de jeunes gens. Ils sont souriants et quittent la pénombre pour s'approcher un peu plus des lumières, guidés par le couple présidentiel.

Néanmoins, aucun jeune de ce cortège ne montera sur l'estrade auprès du président. On ne les y a pas conviés, comme à l'accoutumée « Jolis sur la photo mais pour le reste, c'est bien trop tôt ».

2 députés sur 577 ont moins de 30 ans

Notre jeunesse souffre d'invisibilisation démocratique tant dans les sujets abordés par les politiques que dans sa représentation à les porter. Deux députés seulement ont moins de 30 ans quand ils représentent 35 % de la population française (source INSEE). Vertigineux, non ?

Ok, la désaffection des urnes est patente : 40 % des 18-24 ans se sont abstenus à la Présidentielle, ce qui en fait la tranche d'âge la plus récalcitrante à visiter les urnes. Mais est-ce que cela signifie pour autant que les jeunes ne sont plus citoyens ?

Rappelons que près de 70 % des 15-30 ans sont engagés dans une association (source : Baromètre CSA Research pour AFEV). Le curseur de la citoyenneté s'est déplacé vers plus d'engagement auprès des acteurs de terrain nécessaires pour bâtir les politiques publiques.

#tavoixcompte

Loin d'être désengagés, ces jeunes ont, au contraire, beaucoup d'idées à partager. En témoigne la cinquantaine de propositions émises sur la plateforme #tavoixcompte, lancée par Ashoka, et porté par 11 responsables d'association, âgés de 15 à 25 ans, qui ont ainsi fait la synthèse de rencontres avec 6.300 jeunes sur 9 mois.

  • Et si la sensibilisation au harcèlement scolaire devenait obligatoire à l'école ?
  • Et si une éducation éthique au numérique était dispensée dès l'école primaire pour protéger les enfants ?
  • Et si l'on incluait les salariés de moins de 30 ans dans la gouvernance des entreprises ?
  • Et si on mettait en place de manière obligatoire des formations sur les enjeux écologiques à destination des salariés en entreprise ?

Des idées toutes aussi pertinentes les unes que les autres, à faire rougir les candidats les plus aguerris à la mandature suprême. Mais prenons le temps de s'arrêter sur l'une d'elles, car elle pourrait être expérimentée au plus vite !

  • « Et si on mettait en place la création d'un binôme 1 jeune 1 député ? »

Un jeune volontaire avec un.e député.e, non pas pour être leur assistant ou attaché parlementaire, mais pour être un véritable miroir de la société. A condition que ce dernier soit réellement intégré au quotidien et au travail du député, tant sur le terrain qu'à l'Assemblée. Et que nous soyons vigilants sur la diversité des profils jeunes formant ces binômes.

Un service civique au service de la représentation nationale

Ce serait là une belle façon de continuer à valoriser l'expérience du service civique, si fièrement porté par la présidence. Une initiative peu coûteuse et relativement simple à mettre en place et qui va bien dans le sens d'une plus grande exigence en matière d'expression démocratique.

Par essence, la jeunesse est partie prenante de notre société, et quantitativement c'est imparable. Son intégration dans les prises décisions là où partout la démocratie est représentée, s'impose comme nécessaire. Car nous sommes comptables de nos décisions à l'égard de la jeunesse, alors autant qu'elle accompagne au quotidien la fabrication des politiques publiques.

Et si on oubliait l'image du président seul sur son promontoire blanc, couleur banquise hors réchauffement climatique, pour se construire ce monde nécessairement du « nous tous ». C'est d'ailleurs ce que la jeunesse engagée a saisi à grand renfort d'intelligence collective, de hackathons, de création d'association à la gouvernance partagée. Aujourd'hui, le pays des lumières a autant besoin de citoyens éclairés que d'homme brillant.

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