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Partager la valeur
Source: Ashoka

« Partager la valeur, oui mais laquelle ? » - Tribune d'Elsa Da Costa, Ouest France

This article originally appeared on Ouest France

Fin février dernier, un accord a été trouvé entre les syndicats de salariés et d’entreprises pour généraliser un mécanisme de compensation salariale en cas de bénéfices aux entreprises de moins 50 salariés.

Oui, mais de quelle valeur parle-t-on ? À l’aune d’une crise civilisationnelle et climatique sans précédent, la valeur de l’entreprise nécessite d’être clairement définie. Valeur vient de valor, valere en latin, qui signifie être fort, avoir du courage et de la vertu. Remplaçons valeur par courage. Qu’est-ce que le courage d’une entreprise ? Réside-t-il dans l’argent dégagé, quitte à ce que ce dernier continue à détériorer notre manière d’habiter le monde ? Ou bien se trouve-t-il dans la capacité à protéger le bien commun ou a minima ne pas le dégrader ?

La combinaison des deux derniers aurait un sens. D’ailleurs, cela s’appelle la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), avec possibilité de se doter d’une raison d’être et prendre la qualité d’entreprise à mission. Et c’est précisément les axes forts d’une autre loi, dite PACTE celle-ci.

Sauf que seuls 15 % des dirigeants ont une bonne connaissance de ce qu’est la RSE. Et parmi les 58 % des dirigeants ne sachant pas à̀ quoi cela correspond, 67 % compte de 1 à̀ 9 salariés ; 52 % pour celles comptant entre 10 et 249, salariés ; 26 % pour celles comptant 250 salariés et plus. Et pourtant, ce sont ces entreprises qui sont visées par les nouveaux dispositifs de « partage de la valeur ».

Il est inscrit dans une loi dont le premier chapitre s’affiche en surplomb « Valorisation du travail et partage de la valeur ».

Un engagement et une boussole

Il y a dans l’appréciation des dernières mesures comme un contresens bien plus alarmant que la dérive du mot valeur. Promouvoir principalement les leviers économiques auprès de ces acteurs fait écran devant la nécessité de donner pleinement une responsabilité à l’entreprise d’assurer un rôle sociétal dans la crise de modèles actuelle. 77 % des salariés estiment que, « au-delà de son activité économique, leur entreprise joue un rôle au sein de la société » : alors donnons leur raison. Et saluons celles qui ont déjà œuvré à la rédaction d’une raison d’être inscrite dans les statuts de l’entreprise. Elle agit comme boussole et comme engagement vis-à-vis des collaborateurs, clients et partenaires de l’organisation.

Les entreprises qui réussiront demain seront celles qui auront fait le choix audacieux d’une remise en question, d’être actrice de changement, porteuse de solutions, soucieuse du collectif, celle qui auront à cœur de se réinventer malgré les habitudes sclérosantes. Comment les accompagner à embrasser ce rôle indispensable à la transformation de nos modèles au service du bien commun ?

Les entrepreneurs associatifs ont choisi le camp de la mission sociale, celui de l’impossibilité de distribution dividendes à quelques-uns, mais du partage de leur solution au plus grand nombre. Coopérer avec ces acteurs pour co-construire les solutions contemporaines, c’est anticiper les attentes des citoyens vis-à-vis de la responsabilité des entreprises.

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