Emilie Schmitt
Ashoka Fellow depuis 2018   |   France

Emilie Schmitt

Activ'Action
Aujourd'hui, le chômage est essentiellement considéré comme un problème économique ayant des conséquences psychologiques négatives généralisées. Emilie veut en faire une expérience positive…
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IDÉE

Souvent source de stigmatisation, de perte de confiance et de repli sur soi, la période de chômage est rarement appréhendée comme une période d’opportunités et ses conséquences psychologiques sont peu ou mal adressées. Avec Activ’Action, Emilie Schmitt transforme cette période en un tremplin pour développer de nouvelles compétences de savoir-être (collaboration, empathie, leadership...), regagner confiance en soi et en les autres et construire des choix professionnels plus alignés avec ses aspirations personnelles. Grâce à des ateliers animés par une communauté de facilitateurs, ayant eux-mêmes auparavant suivis ces mêmes ateliers, Activ’Action adresse non seulement les conséquences psychologiques du chômage, mais prépare également les personnes en recherche d’emploi à un monde professionnel en mutation, dans lesquelles phases d’emploi et phases de transition vont être amenées à se succéder de plus en plus fréquemment. Activ’Action propose une solution pour que dans ce futur proche, ces périodes de transition puissent être associées à une attitude positive d’apprentissage, d’opportunités et d’engagement citoyen et soient appréhendées différemment par la société.


IMPACT

En 2018, une communauté de 300 facilitateurs formés aux méthodologies Activ’Action anime des ateliers au sein de 20 groupes locaux répartis à travers 7 pays. Ils ont touché plus de 7000 personnes en 3 ans, de tous profils et milieux sociaux. Par la recherche, le plaidoyer et en diffusant sa méthodologie auprès des entreprises, des institutions publiques et des associations existantes, Activ’Action transforme peu à peu la manière dont la société appréhende la période de recherche d’emploi. 

 

QUI EST-ELLE ?

Emilie a elle-même vécu une période de recherche d’emploi. Elle réalise pendant cette transition qu’elle n’était pas accompagnée pour dépasser les conséquences psychologiques négatives inhérentes au chômage. Refusant de se résigner face à cette situation, elle co-fonde avec deux amis Activ’Action, pour donner à tous la possibilité de ne plus subir l’impact engendré par le chômage et de pouvoir utiliser cette période de manière constructive.

 

This description of Emilie Schmitt's work was prepared when Emilie Schmitt was elected to the Ashoka Fellowship in 2018.

Introduction

Aujourd'hui, le chômage est essentiellement considéré comme un problème économique ayant des conséquences psychologiques négatives généralisées. Emilie veut en faire une expérience positive d'apprentissage de la vie. Afin de doter les chômeurs et la société des capacités essentielles pour saisir une telle occasion d'apprendre et de grandir, Emilie a créé un cadre unique permettant aux chômeurs de s'auto-organiser au sein de communautés optimistes locales.

L'idée nouvelle

Emilie considère le chômage comme un moment opportun dans la vie d'une personne pour apprendre et développer ses capacités. Elle veut changer les mentalités et faire en sorte que le chômage soit perçu et utilisé comme une phase de croissance et d'adaptation à l'évolution du travail et de la société. Elle a constaté que ce changement exige d'abord de s'attaquer aux racines des implications psychologiques de la période de chômage.

Emilie pense que certaines compétences spécifiques (esprit d'apprentissage, optimisme, résilience, gratitude, ...) sont essentielles pour traiter la dimension psychologique du chômage et préparer les individus et la société à l'avenir. Plutôt que de se concentrer uniquement sur le résultat (obtenir un emploi), elle estime qu'il est plus intéressant de se concentrer également sur le processus de développement de ces capacités fondamentales. Avec son organisation « Activ'Action », elle encourage la création de communautés locales et solidaires d'« Activ'Acteurs » où les chômeurs se réunissent dans le cadre d'ateliers ludiques dirigés par des pairs et spécifiquement conçus pour développer ces capacités essentielles. Les « Activ'Acteurs » maintiennent la communauté vivante en devenant des animateurs d'ateliers, en apportant leurs propres connaissances ou en agissant ensemble et en développant ainsi leurs compétences collectivement. En l'espace de trois ans, des groupes locaux d'Activ'Acteurs ont vu le jour dans 20 villes de 7 pays différents, touchant plus de 7 000 chômeurs.

Comme les groupes locaux d'Activ'Acteurs n'ont pas besoin de sa contribution constante pour se développer et se reproduire en France et à l'étranger, Emilie met de plus en plus son énergie à se connecter avec les organisations de travail social, les agences sociales publiques et les structures d'entreprise. Elle infiltre ces acteurs clés de l'écosystème de l'emploi avec son nouvel état d'esprit positif et ses méthodologies pour influencer la façon dont ils travaillent à la fois avec les chômeurs et les personnes au sein de leur organisation.

Le problème

Avec 7,1% de la population active sans emploi en janvier 2018 (données Eurostat), l'Europe est sévèrement touchée par le chômage. En France, les périodes de chômage durent en moyenne un an et le taux de chômage avoisine les 9% (plus de 3,4 millions de personnes). Compte tenu de l'ancienneté et de l'ampleur du problème, les acteurs et les interventions dans ce domaine sont déjà nombreux. Néanmoins, ils se concentrent tous sur la réintégration des personnes sur le marché du travail le plus rapidement possible. Le chômage est en effet principalement perçu comme une question économique, ce qui a conduit à négliger une autre dimension majeure, l'aspect psychologique de cette période.

Les chômeurs subissent en effet un impact psychologique : sentiments négatifs, isolement social, perte de compétences, de confiance, d'ambition, changements de comportement, sont quelques-unes des nombreuses conséquences de la période de chômage telle qu'elle se présente aujourd'hui. Ces implications psychologiques ralentissent leur capacité à retourner au travail et peuvent conduire à des problèmes de santé plus lourds : des études montrent qu'il existe une corrélation entre le suicide et les taux de chômage. Cela représente des coûts sociaux importants pour la société. À l'origine de ces conséquences psychologiques se trouve une forte stigmatisation sociale : les chômeurs sont considérés comme individuellement responsables de leur situation. Ils le ressentent également comme un échec en raison du sentiment profond d'identification à leur emploi, ce qui conduit à une « auto-stigmatisation » et à un cercle vicieux de découragement. En outre, les institutions de services aux chômeurs sont conçues pour travailler avec eux en tant que bénéficiaires d'une aide, ce qui ne change rien à la stigmatisation. A compétences égales, une personne qui travaille a plus de chances d'être recrutée qu'une personne au chômage. Cette stigmatisation augmente la perte de confiance et d'estime de soi, ainsi que l'anxiété. Elle génère également une « auto-stigmatisation » et déclenche ainsi un cercle vicieux de découragement.

De plus, cette stigmatisation sociale prend une place particulière dans un monde où les périodes de chômage seront plus fréquentes. Les études prospectives montrent en effet que l'avenir du travail ne devrait pas être linéaire. Dans ce contexte, il est urgent de donner à la société les moyens de voir et d'aborder le chômage différemment, à plusieurs niveaux à la fois.

La stratégie

Pour faire évoluer les mentalités et transformer la façon dont la société perçoit le chômage et les chômeurs, Emilie a structuré une stratégie en quatre volets : créer des communautés locales de chômeurs « actifs », travailler avec les travailleurs sociaux et les institutions, influencer les entreprises et mener des actions de plaidoyer.

Tout d'abord, Emilie a créé une communauté forte, étendue et très active d'« Activ'Acteurs ». Les « Activ'Actors » sont des chômeurs qui participent ou animent des ateliers Activ'Action (Activ'Boost, Activ'Up, Activ'Jump, Activ'Citizen, Activ'Entrepreneur). Emilie s'est basée sur les travaux de recherche existants en psychologie positive pour concevoir cinq formats et contenus d'ateliers collectifs de trois heures destinés à aider les chômeurs à surmonter leurs sentiments négatifs, à se concentrer sur leurs forces et leur potentiel, à s'engager collectivement dans un projet civique ou à se préparer à lancer leur propre projet. Les ateliers Activ'Action sont accessibles gratuitement et suivent trois principes clés de conception : tout d'abord, l'accent est mis sur l'apprentissage et le développement personnel plutôt que sur le retour sur le marché du travail. La posture positive, non moralisatrice et empathique de l'animateur vise à encourager les initiatives et à créer un espace d'expérimentation sécurisé. Deuxièmement, l'atelier doit faciliter les échanges entre pairs : ils sont limités à un maximum de 10 personnes pour garantir des interactions sociales de qualité. Le troisième principe est la diversité des participants : des efforts sont faits pour réunir dans un même atelier des chômeurs aux parcours différents ; la raison en est qu'au-delà de la diversité de leurs situations, ils subissent tous de la même manière l'impact psychologique du chômage, ce qui constitue une excellente base pour apprendre les uns des autres. La conviction profonde d'Emilie que chacun a la capacité « d'apporter quelque chose », d'être un « co-créateur », sous-tend ces principes clés de conception.

Pour créer une communauté locale d'Activ'Acteurs, Emilie s'adresse aux chômeurs par le biais des médias sociaux et des acteurs historiques de l'écosystème, tels que l'agence nationale pour l'emploi ou les organisations sociales locales œuvrant pour l'intégration sociale et professionnelle, qui trouvent l'approche d'Emilie complémentaire à leur action. A travers l'organisation de premiers ateliers collectifs, Emilie favorise la création de liens sociaux et de solidarité entre les chômeurs d'une ville, qui forment une communauté locale d'« Activ'Acteurs » capables de s'approprier la méthodologie et de diffuser la solution de manière autonome. En effet, la clé de la diffusion rapide de l'idée d'Émilie d'une manière très efficace en termes de ressources réside dans le fait que tout participant peut se porter volontaire pour être formé à l'animation d'autres ateliers pour ses pairs. Les participants voient dans ce rôle d'animateur une occasion de développer de nouvelles compétences et sont considérés comme légitimes par leurs pairs parce qu'ils ont eux-mêmes connu le chômage. Il s'agit donc d'un processus de reproduction qui a de l'impact et qui apporte une valeur ajoutée à la communauté. Au-delà de l'animation des ateliers existants, les Activ'Acteurs peuvent également créer leurs propres ateliers afin d'apporter de nouvelles compétences à la communauté. Par exemple, un participant a créé l'atelier « Activ'Theater » sur la prise de parole en public ; un autre a créé « Activ'Twitter » sur la gestion des médias sociaux.

À ce jour, plus de 1 200 ateliers ont été organisés dans 20 villes de 6 pays différents, touchant 7 000 chômeurs. Ses principaux indicateurs de réussite sont l'augmentation de la confiance en soi, le développement du réseau, un changement d'état d'esprit positif concernant la période de chômage, l'acquisition de nouvelles compétences, la satisfaction à l'égard du nouvel emploi lorsqu'il est trouvé et un engagement citoyen accru. Selon la première étude de mesure d'impact d'Emilie en 2016, 85% des participants considèrent qu'Activ'Action les a aidés à réduire un risque psychologique, et 65% ont développé au moins une nouvelle compétence « soft ». De plus, 250 personnes ont été formées en tant qu'animateurs Activ'Action, et l'endossement de ce rôle a un fort impact sur la façon dont ils perçoivent leurs propres capacités : 90 % des animateurs ont trouvé un emploi ou créé leur propre entreprise dans les six mois qui ont suivi le début des ateliers Activ'Action. Démontrant que la communauté Activ'Action est un formidable espace d'expérimentation, plusieurs des participants qui avaient créé et animé de nouveaux ateliers pour la communauté, comme Activ'Theater, ont ensuite trouvé ou créé leur propre emploi en tant qu'animateurs.

Pour atteindre un éventail encore plus large et diversifié de chômeurs, Emilie travaille avec des organisations locales de travail social et des institutions publiques avec l'objectif à moyen terme d'équiper les travailleurs sociaux et les agents publics, qui interagissent avec les chômeurs, avec son nouvel état d'esprit positif et ses méthodologies pour intégrer plus systématiquement la dimension psychologique dans leurs programmes de soutien, et de voir dans les chômeurs des partenaires actifs pour co-créer leur parcours à travers le chômage. Par exemple, à Strasbourg, une association locale soutenant les femmes dans les quartiers défavorisés a inclus des sessions Activ'Action comme partie intégrante du parcours de formation qu'elle propose ; l'autorité publique de Strasbourg a décidé de co-développer avec Activ'Action un nouveau programme public pour les chômeurs qui intègrera des ateliers Activ'Action. Ces acteurs reconnaissent la valeur de l'approche d'Emilie en matière de chômage, car elle apporte une nouvelle pièce manquante à leur travail. Ils la financent et lui assurent ainsi un revenu régulier tout en bénéficiant de l'expertise d'Activ'Action. Comme sa solution consiste à diminuer et à prévenir les risques psychologiques qui ont un impact négatif sur la santé et ralentissent la capacité de retour à l'emploi, Émilie a également identifié les mutuelles de santé comme des partenaires clés. En 2018, elle a conclu un partenariat avec l'un des principaux groupes de mutuelles de santé en France, Malakoff Médéric (plus de 6 millions de bénéficiaires), afin que leurs affiliés puissent facilement accéder à la communauté et aux outils d'Activ'Action.

Les employeurs sont d'autres acteurs clés qui doivent changer leur mentalité et leurs pratiques à l'égard des chômeurs. Émilie travaille avec des entreprises dans le but d'influencer leur processus de recrutement et de s'assurer qu'elles donnent la priorité à des compétences essentielles telles que la capacité d'apprentissage, le travail en équipe ou l'empathie. Par exemple, pour les aider à voir au-delà des qualifications les capacités des personnes, elle organise des ateliers Activ'Action où les recruteurs et les candidats sont mis sur un pied d'égalité. En outre, comme la qualité de leurs anciennes expériences professionnelles a un impact direct sur la psychologie des chômeurs, Émilie s'efforce également de changer la façon dont les entreprises investissent dans leurs propres employés. En leur montrant que le développement de ces compétences de base servira à la fois leur organisation et la société dans son ensemble, elle suscite l'envie de renforcer en permanence les capacités des compétences personnelles de base.

Après avoir constitué une solide communauté de personnes concernées et noué des relations avec des acteurs institutionnels et des entreprises, Émilie envisage désormais de se concentrer de plus en plus sur la défense des droits, afin de favoriser un changement des politiques publiques et de la conscience collective. Pour convaincre le monde politique, elle s'efforce de mesurer les coûts évités par le système afin de prouver l'efficacité et la nécessité de sa solution. Elle prévoit également d'investir dans la recherche afin d'apporter au débat des données existantes et nouvelles sur l'impact de la psychologie positive sur le chômage. Par exemple, elle collabore avec RAND Europe, un institut de recherche à but non lucratif qui vise à améliorer les politiques par la recherche, pour exploiter les données d'Activ'Action sur l'estime de soi des chômeurs. Emilie souhaite faire pression pour que les fonds publics alloués au soutien des chômeurs accordent plus de place au bien-être mental, au renforcement des capacités de base et à l'autonomisation, plutôt qu'au seul placement. Avec l'objectif d'inclure les premiers concernés dans la discussion, elle ambitionne d'exploiter le potentiel de sa communauté pour créer un comité rassemblant des Activ'Acteurs, des employeurs et d'autres organisations à but non lucratif afin d'influencer les décideurs politiques. En ce qui concerne la sensibilisation, elle prépare une campagne médiatique pour partager des histoires d'Activ'Actors. Elle souhaite aider le grand public à voir au-delà du « statut » de chômeur et à considérer les chômeurs comme de grandes ressources plutôt que comme des fardeaux pour la société.

La personne

Émilie a grandi dans un très petit village de la campagne française et dans un environnement plutôt conservateur. Très vite désireuse d'élargir son horizon, elle a convaincu ses parents de la laisser quitter le domicile familial à l'âge de 18 ans et a voyagé à travers le monde. Cette période d'apprentissage critique a permis à Émilie de remettre en question ce qu'elle avait appris jusque-là, de prendre conscience des défis sociaux mondiaux urgents et de consolider sa volonté de choisir une voie professionnelle dans laquelle elle pourrait avoir un impact. Après avoir étudié les langues et le commerce à l'université, Émilie a choisi de commencer une mission de service civique pour une organisation française à but non lucratif : une expérience transformatrice qui l'a convaincue de mener des projets à fort impact en France, le pays qu'elle connaît le mieux, plutôt qu'à l'étranger.

Mais lorsque cette expérience civique inspirante a pris fin, Émilie s'est retrouvée au chômage. Elle a constaté que cette période de chômage réduisait progressivement son ambition, sa motivation, sa volonté naturelle d'interagir avec les autres et son bien-être général. Au début, elle ne pouvait pas se résoudre à se rendre à l'agence nationale pour l'emploi, car c'était psychologiquement trop dur. Et lorsqu'elle s'est finalement convaincue de se rendre à l'agence nationale pour l'emploi pour rencontrer un conseiller, la première question de ce dernier a été : « Pourquoi n'êtes-vous pas venue plus tôt ? « Pourquoi n'êtes-vous pas venue plus tôt ? », elle a eu l'impression que son état psychologique actuel n'était pas du tout pris en compte. Pendant cette période difficile, parce qu'elle avait toujours rêvé de devenir chef d'entreprise, Émilie a décidé de suivre une formation à l'entrepreneuriat. Elle a eu une conversation qui a changé sa vie avec Fabien, futur cofondateur d'Activ'Action, qui vivait la même situation de chômage ; il a perçu sa qualité d'entrepreneur et ils ont partagé leur envie commune de « faire quelque chose ». Ils ont décidé d'unir leurs forces et de développer l'écosystème d'accompagnement dont ils auraient rêvé pendant leur propre période de chômage. Après une longue phase d'apprentissage à travers des rencontres, des lectures et des discussions, Emilie et Fabien ont identifié que la pièce manquante du « bien-être mental » dans le parcours d'accompagnement des chômeurs était loin d'être un simple « plus » pour pouvoir changer sa propre situation, mais qu'elle était au contraire au cœur de ce parcours. En faisant appel à des experts en psychologie positive, ils ont structuré et testé sur le terrain la méthodologie Activ'Action.

Avec Fabien et une petite équipe, Emilie a ensuite développé cette méthodologie initiale pour construire un véritable mouvement d'« Activ'Acteurs » qui ne cesse de croître et offre désormais à toute personne sans emploi la possibilité de jouer facilement un rôle actif pour elle-même et pour la société. Elle démontre ainsi concrètement qu'être « actif » ne devrait pas être réservé aux personnes ayant un emploi ; et envisage une société où les périodes de chômage peuvent être vues, vécues et exploitées comme des opportunités de développer son potentiel d'artisan du changement.