Jean-Michel Ricard

Alors que les personnes âgées vivent plus longtemps et représentent un pourcentage croissant de la population en Europe, Jean-Michel les aide à surmonter les différents problèmes physiques et psychologiques qui les empêchent de profiter de leurs dernières années. Son programme, qui met l'accent sur l'importance de la prévention, utilise des exercices et un entraînement physique uniques pour retarder l'apparition des déficiences et des maladies liées à l'âge. Tout aussi important, il aide les personnes âgées à conserver leur capacité à fonctionner de manière indépendante et à maintenir les liens sociaux qui les ont caractérisées pendant la majeure partie de leur vie.

Jean-Michel développe une approche préventive pour aider la société à relever le défi démographique et social de l'allongement de la vie dans le contexte d'une population globalement vieillissante. Avec Siel Bleu (Sport, Initiative et Loisirs), Jean-Michel a introduit un nouveau modèle de soins aux personnes âgées en France qui aide les gens à vieillir de manière plus saine et plus socialement connectée. Grâce à une série d'exercices physiques et mentaux, les participants à Siel Bleu améliorent leur bien-être physique et psychologique et ralentissent certains des problèmes les plus courants auxquels sont confrontées les personnes âgées. Plus important encore, les participants deviennent plus conscients et plus confiants dans ce qu'ils peuvent encore faire. Ce changement de perception de soi commence à modifier la façon dont la société les perçoit. Le résultat est une population âgée qui vit plus sainement et plus heureusement, et une société qui apprécie les contributions que les personnes âgées peuvent continuer à apporter. Depuis que les progrès médicaux et sociaux ont conduit à l'allongement de la vie humaine, ils ont également favorisé l'attente que ce temps gagné soit vécu de manière indépendante, et aussi peu handicapé et malade que possible. Selon Jean-Michel, il est bon d'ajouter des années à la vie, mais il est tout aussi important d'ajouter de la vie à ces années. Il estime que bien vieillir signifie être indépendant le plus longtemps possible tout en restant socialement engagé. Siel Bleu propose une approche qui s'adresse non seulement aux personnes âgées, mais aussi à leurs familles et aux soignants. L'objectif premier est de lutter contre les effets néfastes du vieillissement sur la santé par la pratique d'activités physiques, mais aussi de favoriser le lien social en mélangeant les générations lors d'ateliers et de formations. A l'heure où les budgets médicaux explosent et où l'on utilise à outrance les rares structures médicales, Jean-Michel souligne l'importance d'une approche préventive de la médecine gériatrique. Plus responsable sur le plan financier et plus humaine, son approche s'oppose radicalement - tant sur le plan philosophique que pratique - à l'approche curative conventionnelle.

Partout dans le monde, et en Europe en particulier, la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans augmente rapidement. En France, 12 millions de personnes âgées représentent 21,3 % de la population ; en 1990, elles n'étaient que 18,6 %. Selon les projections démographiques, en 2050, 29 % de la population française sera âgée de 65 ans ou plus. Les implications sociales de ce changement important n'ont certainement pas été bien anticipées. Une forte augmentation des dépenses liées à la médecine, aux soins médicaux et aux hospitalisations est inévitable. Des ressources appropriées devront être mobilisées pour résoudre les problèmes nouvellement identifiés - les Français se souviennent trop bien de la canicule de l'été 2003 qui a provoqué la mort prématurée de 15 000 personnes âgées, dont la moitié sont décédées dans des maisons de retraite.La retraite implique souvent la rupture des liens sociaux et le début d'un mode de vie plus sédentaire et isolé. Certains choisissent cette existence plus isolée, mais d'autres y sont contraints parce qu'ils sont moins capables et moins mobiles. Le manque de mobilité et d'équilibre crée les conditions de nombreux autres problèmes liés à l'âge. Même avec une aide à domicile, les chutes graves sont trop fréquentes et entraînent des dommages physiques et psychologiques irréversibles. La peur, peut-être plus que tout autre chose, inhibe le mouvement et renforce le cercle vicieux de l'isolement. Le syndrome post-traumatique, consécutif à une chute, peut induire une perte de la fonction motrice et de l'autonomie ; il peut entraîner des troubles de la posture et de la marche, qui contribuent à augmenter le risque d'un nouvel accident. Les personnes âgées sont également touchées par des maladies dégénératives qui peuvent nuire à leur autonomie. L'incidence de la maladie d'Alzheimer (75 % des cas de sénilité) et de la maladie de Parkinson augmente avec l'âge. Souvent, ces facteurs se combinent pour plonger les personnes âgées dans une dépendance permanente. Ce processus peut être retardé. Les soins aux personnes âgées sont devenus un enjeu social, politique et économique majeur. Son importance ne cessera de croître avec l'allongement de l'espérance de vie. En France, 8 milliards d'euros sont consacrés chaque année à cette question. Actuellement, 550 000 seniors français (plus de 60 ans) ont besoin d'une aide pour vivre à domicile, et ils seront plus d'un million en 2025. De nouvelles ressources, humaines et financières, seront nécessaires pour faire face à cette augmentation sans précédent.La réponse actuelle aux besoins des personnes dépendantes est largement insuffisante. Elle est essentiellement curative ; les solutions médicales conventionnelles coûteuses tentent de « réparer » les problèmes une fois qu'ils sont survenus. En 2005, la Cour des comptes a publié un rapport accablant dénonçant la défaillance systémique du système de prise en charge des personnes âgées dépendantes. Même si l'importance de l'exercice physique pour maintenir les personnes âgées en bonne santé est reconnue dans les milieux médicaux, dans la pratique, son utilisation est encore rare et aléatoire. Il n'existe pas d'organisation unique chargée de diffuser l'information et la formation, de promouvoir son utilisation par le public et de coordonner la politique à l'échelle nationale.La civilisation occidentale moderne a eu tendance à considérer les personnes âgées comme des parias non productifs, et leurs problèmes comme peu motivants et peu attrayants. Cette vision dévalorisante des personnes âgées et de leur place dans la société doit changer, non seulement en raison de leur importance sociale et économique croissante, mais aussi parce que, sur le plan moral et philosophique, leur contribution à la société reste essentielle. Le défi est double : prévenir et retarder les situations de dépendance, en aidant les personnes âgées à mieux vivre, et promouvoir la reconnaissance de leur utilité et de leur valeur pour la société.

Jean-Michel Ricard a créé le Siel Bleu à Strasbourg, en 1997, pour développer une gamme d'activités pour les personnes âgées. Ces activités, conçues pour contribuer à améliorer leur bien-être physique et psychologique général, permettent également de briser la spirale infernale de l'isolement, de la dépendance et de la dégradation de la santé. Pour lui, il était important que les résultats soient obtenus grâce à une approche intégrée dans le cadre d'un programme de soins préventifs. Fort de son expérience, Jean Michel a progressivement développé 25 types d'activités physiques adaptées aux différents niveaux de handicap, d'âge et d'habileté.Pour Jean-Michel, l'activité physique organisée n'est pas un but en soi. Pour Jean-Michel, l'activité physique organisée n'est pas un but en soi. Il la considère plutôt comme un bon outil pour révéler et travailler sur les problèmes sociaux, physiques et psychologiques auxquels les personnes âgées sont confrontées. L'activité physique est bénéfique pour la santé des personnes de tous âges, et les personnes âgées ne font pas exception. Les personnes âgées qui pratiquent une forme d'activité physique sont généralement confrontées à moins de complications liées au vieillissement que celles qui n'en pratiquent pas. On sait que l'activité physique régulière diminue l'incidence des maladies cardio-vasculaires, du diabète II et de certains cancers (comme celui du côlon). Les exercices de renforcement, d'étirement et d'équilibre de Siel Bleu aident les seniors à se réconcilier avec leur corps ; ils apprennent à mesurer leurs limites et leurs capacités physiques souvent sous-estimées ; ils apprennent à redécouvrir leur sens de l'équilibre (position dans l'espace, capacité respiratoire, capacité à se remettre sur pied après une chute, etc. Le fait de devoir faire travailler sa mémoire dans des cours d'exercices améliore son sens de l'observation et sa capacité de concentration. En favorisant la pratique en cours collectifs, Siel Bleu encourage les seniors à participer à des échanges sociaux autour d'une activité partagée. En collaboration avec des spécialistes médicaux et paramédicaux extérieurs, Jean-Michel et son équipe de professionnels ont créé des programmes adaptés à toutes sortes de besoins différents et spécifiques tels que la gymnastique douce pratiquée sur des chaises, des exercices de mobilité et de dextérité pour prévenir les chutes et la stimulation de la mémoire pour ralentir le processus de dégénérescence cognitive. Pour toucher facilement un plus grand nombre de personnes, il a développé son modèle en se concentrant sur les personnes âgées en institution (centres d'accueil de jour, maisons de retraite, sections Alzheimer des hôpitaux). En 1998, Siel Bleu travaillait dans 12 de ces institutions. Actuellement, il est actif dans 1 350 établissements sur les 12 000 que compte la France. Sur les 38 000 personnes traitées annuellement par Siel Bleu dans le cadre de ses programmes, 20 000 sont prises en charge par des institutions. Jean Michel croit fermement en la valeur de son modèle holistique pour susciter le changement et il met désormais davantage l'accent sur l'extension du travail que Siel Bleu peut effectuer avec les personnes âgées qui vivent encore à leur domicile ou chez des parents. Ces personnes âgées représentent statistiquement le segment le plus important de la population âgée. Ils sont son cœur de cible - les personnes qui peuvent bénéficier le plus de Siel Bleu et qui, en restant indépendantes, peuvent également bénéficier le plus à la société. Siel Bleu aide actuellement 18 000 adultes non institutionnalisés dans des cours qui vont de la prévention des accidents et des chutes à la relaxation et à l'autodéfense. Siel Bleu autofinance 70 % de son budget annuel de 4 millions d'euros (2004) en vendant ses services aux prestataires de soins institutionnels, et a pour objectif à moyen terme d'atteindre 100 % en commercialisant des produits spécifiques et en élargissant sa gamme de services.Jean Michel est un défenseur persuasif de sa cause. Les activités de lobbying occupent désormais la majeure partie de son temps. Une indication du type de changement qu'il a favorisé est que le corps médical a commencé à prescrire des activités sportives Siel Bleu à leurs patients âgés. Fort de son expérience, Jean-Michel cherche à élargir le champ d'application de ses modèles existants et à accompagner les personnes âgées tout au long de leur parcours de vie, depuis les seniors sur le lieu de travail jusqu'à la dépendance dans les établissements de soins spécialisés. Il réfléchit également aux différentes façons d'étendre le modèle existant et de démultiplier son impact en France et dans le reste de l'Europe.

L'inspiration première de Jean Michel est née du principe familial de toujours donner plus que ce que l'on reçoit et de parents impliqués dans le bénévolat. C'est donc sans surprise qu'il a décidé, parallèlement à ses études d'éducation physique, de travailler avec des jeunes défavorisés. Il souhaitait vivement transmettre certaines de ses convictions sur la valeur de la santé et de l'activité physique qui étaient déjà au centre de ses études. Il trouvait le système éducatif français trop contraignant et dogmatique et était souvent en désaccord avec ses professeurs. Il s'intéresse aux bienfaits de l'activité physique pour les personnes dépendantes et y consacre ses recherches universitaires. C'est parce qu'il a des convictions fortes sur la vie et la société qu'il met toute son énergie à aider les personnes âgées à mieux vivre. Siel Bleu est donc pour lui plus qu'un simple projet. Il parvient encore régulièrement à donner lui-même des cours d'éducation physique, car il estime que c'est le meilleur moyen pour lui de rester proche de son personnel et des patients dont il s'occupe. Le respect, la tolérance et l'empathie sont au cœur de notre démarche. » Pour Jean-Michel Ricard, c'est un privilège de pouvoir aider les personnes âgées à vivre le plus sainement et le plus heureusement possible et de leur redonner le rôle social qu'elles ont eu et qu'elles doivent continuer à avoir.