Quelle vision de "l'entrepreneur social" derrière la sélection des Fellows Ashoka ?

Dans plus de 90 pays, les équipes d’Ashoka détectent des entrepreneurs sociaux et les sélectionne selon des critères précis, éprouvés au fil des années.
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« Pourquoi Ashoka a choisi de soutenir ces entrepreneurs en particulier ? » est une question que l’on nous pose souvent. Légitimement, car à première vue on pourrait penser que, mise à part leur visée sociétale, rien ne rassemble les « fellows Ashoka » : ils et elles agissent dans des secteurs divers (santé, éducation, préservation de l’environnement, …), ont créé des organisations variées (de par leur taille, leur modèle de gouvernance, leurs statuts juridiques…) et peuvent aussi bien être agriculteur que chercheuse, infirmière anesthésiste ou encore sportif de haut niveau ! Le réseau Ashoka compte en effet des profils aussi hétéroclites que le fondateur de Wikipédia, l’initiatrice du service civique en France, ou encore l’inventeur d’un système de détection de mines anti-personnelles utilisant l’odorat surdéveloppé des rats… Quels sont alors les points communs des individus qui composent le réseau Ashoka ?

 

Une nouvelle approche…

Leur premier point commun est le développement d’une façon nouvelle d’adresser une problématique sociale ou environnementale. Cela nécessite une compréhension fine de l’environnement dans lequel ils opèrent, des acteurs en place, des autres approches déjà expérimentées. Cette connaissance pointue de leur secteur d’intervention leur a permis d’en identifier précisément les failles ou dysfonctionnements, et de dessiner un modus operandi différent de ce qui a été mis en place jusqu’à présent pour les attaquer. En d’autres termes, la nouveauté de leur approche réside à la fois dans le « quoi » et dans le « comment ». L’exemple de Gaël Musquet (fondateur de Hackers Against Natural Disasters) est éclairant : sa connaissance détaillée du système d’alerte et de gestion des catastrophes naturelles en France, ainsi que sa proximité avec les communautés de « makers », lui permettent aujourd’hui d’organiser la mobilisation des compétences techniques des citoyens afin de contribuer à l’amélioration dudit système. 

 

…pour une transformation profonde et durable…

En s’attaquant aux racines d’un problème identifié, les Fellows Ashoka partagent également l’ambition de transformer en profondeur le secteur dans lequel ils interviennent, afin de provoquer un changement durable des pratiques, comportements et mentalités, à l’échelle nationale, voire internationale. C’est ce que confie Bill Drayton, fondateur d’Ashoka, avec cette formule :

« Un entrepreneur social ne se contente pas de donner un poisson, ou d’apprendre à pêcher : il ne sera satisfait que lorsqu’il aura révolutionné toute l’industrie de la pêche ».

Sonia Ben Ali illustre bien cette volonté de provoquer une transformation profonde et durable des pratiques : avec son organisation Urban Refugees, elle travaille à l’intégration des réfugiés urbains eux-mêmes dans la conception et la mise en place des solutions répondant à leurs problèmes, afin d’améliorer la façon dont sont gérées les « crises » migratoires.

 

… afin de toucher le plus grand nombre

Ces entrepreneurs ont de surcroît la même boussole : l’ampleur de leur impact social. Autrement dit, leurs choix (de modèle, de partenaires, de stratégie de diffusion…) sont guidés par la volonté de transformer positivement la vie du plus grand nombre de la façon la plus efficiente possible. Par conséquent, la réponse se trouve rarement dans la seule croissance organique de leurs activités.  

 « On sait bien que ce n’est pas seuls avec nos petits bras qu’on arrivera à résoudre un problème de cette ampleur » est une de ces phrases que nous retrouvons sans cesse dans la bouche des entrepreneurs sociaux, et qui illustre bien cet état d’esprit consistant à positionner l’impact social au premier plan. Leur succès se mesure ainsi à l’étendue de leur impact sur la société et non à la taille de leur organisation ou de son chiffre d’affaires.    

En ce sens, créer les conditions pour que d’autres (individus, organisations, pouvoirs publics…) s’emparent de leurs solutions, les implémentent à leur tour, et démultiplient ainsi le nombre de personnes pouvant en bénéficier, fait également partie du travail de ces entrepreneurs. La réussite des entrepreneurs sociaux est de ce fait intimement liée à l’émergence d’autres acteurs de changement. On comprend ainsi pourquoi Frédéric Bardeau (co-fondateur de Simplon.co) choisit de soutenir des porteurs de projet locaux partout sur le territoire pour adapter son modèle innovant de formation gratuite et inclusive aux compétences et métiers du numérique, initialement testé à Montreuil.

 

Des qualités personnelles pour servir l'impact

Orchestrer un changement sociétal de grande ampleur prend du temps et nécessite une adaptation constante, au gré des opportunités et des embûches rencontrées. Ce sont donc aussi des qualités personnelles, telles que la persévérance, le pragmatisme, la créativité et l’éthique, que partagent les entrepreneurs sociaux.